
À Cormicy, l’éco-pâturage s’installe pour préserver les espèces du marais alcalin
Depuis le mois de juin, un nouveau troupeau a fait son apparition dans le marais alcalin de Cormicy, au cœur de la Réserve Naturelle Régionale des marais et sablières du Massif de Saint-Thierry, dans la Marne. Neuf vaches Highland Cattle ont été installées sur 15 hectares dans le cadre d’une action d’éco-pâturage.
Leur mission ? Contribuer à l’entretien de ce milieu naturel remarquable, en limitant la fermeture du marais par la végétation.
Un marais riche en espèces protégées
Le marais alcalin de Cormicy abrite une flore et une faune exceptionnelles, caractéristiques de ces zones humides ouvertes. Plusieurs espèces végétales y sont présentes, parmi lesquelles la Gentiane pneumonanthe, l’Orchis des marais, la Petite utriculaire, la Grassette commune ou encore le Mouron délicat.
Côté faune, ce site naturel est également le refuge de nombreuses espèces patrimoniales : la Grenouille agile, le Criquet ensanglanté, le Lézard vivipare ou encore le magnifique Azuré des mouillères, un papillon inféodé aux zones humides. Ces espèces, dépendent du maintien d’un marais ouvert, sans embroussaillement.
L’éco-pâturage, une solution naturelle et efficace
Pour entretenir durablement ces milieux, 9 Highland Cattle – une race rustique adaptée aux milieux humides – sont mises en pâture de juin à novembre, avant le début de la chasse. Ce cheptel appartient à Benoît Vallée, éleveur dans l’Yonne, engagé dans cette prestation de gestion écologique par le pâturage.
Le passage et l’alimentation des animaux freine naturellement la pousse des herbacées et limite l’installation des ligneux, tout en favorisant l’expression des espèces typiques des bas-marais alcalins. Leur action permet également de diversifier les micro-habitats, bénéfiques à de nombreuses espèces.
Vers une restauration 100% naturelle
Le pâturage n’a pu être mis en place qu’en 2024. La dernière opération d’arrachage des ligneux a eu lieu en 2021. La dynamique de colonisation par les saules est importante et rend difficile un entretien efficace uniquement par les vaches. Une intervention mécanique complémentaire est donc nécessaire pour restaurer le milieu.
À terme, une fois les ligneux maîtrisés, l’objectif est de maintenir le site ouvert grâce au seul pâturage, moins coûteux et plus respectueux de l’environnement.
Vers un contrat Natura 2000 pour pérenniser l’action
Pour garantir la continuité de ces actions de restauration écologique, un contrat Natura 2000 est à l’étude. Il permettrait de financer les interventions mécaniques nécessaires tout en intégrant le pâturage comme outil principal d’entretien. Cette démarche s’inscrit pleinement dans une logique de gestion durable des milieux naturels, conciliant protection de la biodiversité et pratiques agricoles adaptées.
L’éco-pâturage à Cormicy illustre une belle synergie entre agriculteurs, gestionnaires d’espaces naturels et collectivités.
