L'heure des migrateurs
« L’autre jour j’ai vu un oiseau bizarre, comme une cigogne, mais tout noir ! Avec juste un peu de blanc devant ! »
Connaissez-vous la cigogne noire ? Contrairement aux panthères noires ou aux renards charbonniers, il ne s’agit pas d’individus particulièrement foncés de cigognes blanches, mais bien d’une espèce distincte, tant par sa coloration que par son mode de vie. Avec ses 1,5m d’envergure et sa coloration bien contrastée, elle ne peut pas passer inaperçue, quoique ?
En effet, bien que cet oiseau niche dans les quatre départements de la Champagne-Ardenne, il y est rarement observé. De tempérament farouche et craintif, la cigogne noire a besoin pour nicher d’un vaste massif forestier avec des petits cours d’eau ou des marais pour chasser. La densité de population nicheuse est toujours faible.
On peut observer cette espèce en halte migratoire en fin d’été et en début d’automne sur les rives des lacs de l’Aube et du Der. Elle s’y arrête quelques temps pour se reposer et reprendre des forces avant de repartir plus loin au sud. En effet, la route est longue jusqu’en Afrique de l’ouest, où elle passera l’hiver. Au printemps, lors de sa remontée vers les sites de nidification, elle ne s’arrête que rarement sur les lacs.
Cette année la Réserve naturelle régionale de l’Etang de Ramerupt a accueilli un nombre important de cigognes noires. Le niveau d’eau assez bas et l’abondance de proies (poissons) ont rendu ce site très attrayant pour cette espèce, confirmant, si besoin est, la haute valeur écologique des étangs de Champagne humide.
Certains individus sont équipés de bagues, voire de balises gps. La lecture du code inscrit sur les bagues ou les données des balises gps nous renseignent sur les déplacements effectués par les cigognes. On a par exemple pu lire les codes « 68RR », un individu bagué en République tchèque, ou « TA91 », bagué en Bavière. Il est à noter que l’individu TA91 a été vu à l’Etang de Ramerupt, puis sur le lac du Temple, puis de nouveau à Ramerupt, puis de nouveau au Temple. A vol de cigogne ce n’est pas très loin ! En tout, cet individu aura passé au moins 36 jours dans l’Aube en 2023, un long séjour ! Elles sont maintenant quasiment toutes reparties vers le sud, et laissent leur place aux grues cendrées !
Outre les cigognes noires, l’Etang de Ramerupt a accueilli cette année de nombreuses autres espèces d’oiseaux migrateurs. Parmi les moins communes, on peut citer le bécasseau minute, la guifette noire, le balbuzard pêcheur ou encore pluvier argenté, qui n’avait encore jamais été observé sur la réserve.
Un grand merci à tous les observateurs qui sont passés sur l’Etang de Ramerupt et qui ont fait remonter leurs données !