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Une étude sur les chauves-souris forestières du Parc naturel régional de la Montagne de Reims

Du 2 au 9 juillet, le Conservatoire d’espaces naturels de Champagne-Ardenne a participé à une étude sur les chauves-souris forestières, menée par la LPO Champagne-Ardenne, et commandée par le Parc naturel régional de la Montagne de Reims.

L’objectif était de compléter les connaissances sur les gîtes de mise-bas des espèces forestières dans la forêt domaniale du Chêne à la Vierge (2 000 hectares) grâce à du radiopistage et à une étude acoustique.

Une quinzaine de passionnés s’est relayé au cours de la semaine pour pister les individus qui avaient été préalablement équipés d’émetteurs lors de sessions de captures. Les bénévoles ont sillonné la forêt et parfois les villages alentours pendant la journée afin de réussir à capter un signal des émetteurs et pouvoir se rapprocher des individus…

 

La capture et la mise en place des émetteurs

La capture consiste à piéger les chauves-souris en vol, en installant et en tendant des filets japonais dans les milieux qu’elles fréquentent. Cette technique permet d’identifier précisément les individus et d’obtenir des informations sur l’anatomie (mesures biométriques), l’état sanitaire et reproducteur des individus capturés (femelles allaitantes, juvéniles, etc…).

Lorsqu’une femelle allaitante est capturée, elle est équipée d’un émetteur de 0,34 g ou 0,60 g en fonction de son poids. Il ne doit pas dépasser 5% du poids de l’animal et est collé sur les poils du dos, entre les omoplates. Seules les femelles allaitantes sont équipées car très peu de mâles adultes sont présents dans les maternités. Chaque nuit, elles partent chasser plusieurs heures avant de rentrer au gîte pour allaiter leur unique petit. Les suivre permet alors de découvrir la localisation de ces gîtes d’été et de mettre en place des actions de protection de ces lieux indispensables à la préservation de l’espèce.

Neuf femelles de huit espèces différentes ont ainsi été équipées d’un émetteur : Pipistrelle commune, Barbastelle d’Europe, Grand Murin, Oreillards roux, Murin d’Alcathoe, Murin de Bechstein, Murin de Natterer et Grand Rhinolopphe.

Session de captureBarbastelle d'Europe capturée dans un filet

Pour rappel, toutes les espèces de chauves-souris sont protégées en France. Leur capture est donc strictement interdite. Seules les personnes ayant une habilitation et une dérogation préfectorale de capture et de manipulation d’espèces protégées peuvent donc mener ces opérations.

 

Le radiopistage

Cette méthode consiste à localiser les chauves-souris équipées d'un émetteur à l’aide de récepteurs et d’antennes directionnelles, soit :
- durant la nuit (suivi de leurs déplacements),
- pendant la journée, pour repérer les arbres-gîtes dans lesquels, potentiellement, se trouvent des colonies de mise bas.

Parfois l’arbre-gîte est facilement repéré, et parfois l’enquête est de longue haleine et il faudra recouper les indices de la nuit du relâcher, la direction dans laquelle venait l'individu par exemple et essayer d’en déduire sa direction d’origine. Dans ce cas, les équipes se positionneront à différents points culminants de la vallée au coucher du soleil, dans l'attente du signal de l'émetteur, afin de capter l’endroit d’où l’individu sort.

Durant cette semaine d’étude, nos radiopisteurs ont été plutôt chanceux. Les femelles les ont menés à plusieurs arbres-gîtes. Les deux femelles allaitantes de Grand Rhinolophe équipées n’ont pas permis de trouver leur gîte de mise-bas. Cependant, c’est un bon indice qui prouve que cette espèce met bas dans la Marne, ce qui n’était pas connu auparavant.

Pisteur en place avant la tombée de la nuit

 

L’étude acoustique

L’étude acoustique permet d’inventorier les espèces présentes à un point donné à l’aide d’enregistrements des émissions ultrasonores des chauves-souris. Marie, notre spécialiste chauves-souris, a donc placé des enregistreurs à différents points de la forêt afin de détecter les signaux des individus de la tombée de la nuit jusqu’à l’aube. Ces enregistrements seront prochainement analysés afin d’identifier les espèces fréquentant la forêt domaniale du Chêne à la Vierge. Cette méthode est efficace mais elle demande du temps pour gérer et analyser un volume important d’enregistrements.

Point de pose d'un enregistreur

 

Quel avenir pour les maternités découvertes ?

Les arbres-gîtes ont été marqués et les résultats de l’étude seront transmis aux agents de l’ONF afin de mieux prendre en compte dans la gestion forestière ces étonnants mammifères et protéger leurs maternités.

 

Un grand merci à toutes les personnes qui ont pris part à cette semaine d’étude !

Barbastelle d'Europe sous écorce © Ludovic Jouve